Quête réservée pour Les méchants : A la conquête du pouvoir !

La Petite Forêt était devenue son domaine. Depuis plus de quarante années, il s'y était installé, en compagnie de Nen Sador, son Cùkil, devenu son serviteur et familier. La Forêt s'était assombrie depuis son arrivée. Les plantes autrefois belles et odorantes furent remplacées par des ronces et de multiples plantes venimeuses, et dangereuses dans tous les cas. Une odeur de mort flottait tout le temps dans l'air, caractérisée par un léger nuage de brume verte. Il vivait au pied d'un vieux chêne, qui avait pourri au fil du temps, et blanchit d'une manière anormale. Nirnaeth gravait chaque jour une lettre sur cette arbre avec une petite dague au manche rouge et à la lame noire, récupéré sur un des soldats qu'il avait abattu il y a quatre décennie. Pendant tout ce temps, il resta dans l'obscurité, à rêver et combattre son côté maléfique. En vain... Un jour qu'il errait dans la Forêt, ses jambes le menèrent à un endroit inconnu. Prenant conscience de ceci, son âme se dévoila et ses yeux virent une chose qui lui était familière, mais qu'il n'avait pas vu depuis un temps indéfinissable : le soleil.

Cela eu un effet remarquable sur sa personne : il s'y exposa et, alors que sa conscience et sa vie n'était plus qu'un reflet monotone, il sentit en lui une flamme jaillir.
"La Flamme de la Renaissance" murmura-t-il.
Puis une voix, ou plutôt un murmure, se fit entendre. Elle l'appelait, d'un ton claire et doux :
"Nirnaeth... Nirnaeth.. souviens-toi... Nirnaeth.. n'oublie pas..Il te faut combattre pour vivre..."
Nirnaeth répondit en tremblant :
"Pourquoi combattre pour vivre quand on est déjà mort? A quoi cela me sert-il?"
La voix reprit, sur le même ton, reposant et calme :
"N'oublie pas Nirnaeth... La mort n'est qu'une étape de la vie. Mais tout le monde la retrouve.. Il te faut vaincre pour reposer en paix. Nous sommes avec Toi. Ne nous oublie jamais..."
Puis le soleil disparut, et l'âme de Nirnaeth s'assombrit de nouveau. Alors, il pleura. Mais ses yeux n'y étaient plus habitué, et des larmes de sang coulèrent sur ses joues. Nen Sador, dans son putride état, assistait étonné à ce moment. Puis, Nirnaeth leva la tête, et dit d'un ton déterminé :
"Il est grand temps de partir, Nen Sador. Notre pénitence ne fait que commencer, mais elle doit se poursuivre ailleurs qu'ici, si nous voulons qu'elle ne soit pas éternelle."
Nen Sador, ému par ces paroles, les approuva totalement. Nirnaeth prit le chemin du Vieux Chêne, et prit ses affaires : sa cape et sa dague, nommé Gurthang, "Fer de Mort" en elfique.

Puis Nen Sador le mena en dehors de la forêt, et Nirnaeth put découvrir que la vie avait repris son cours sur Qlimani, comme si rien ne s'était passé. Mais les habitants étaient sensiblement différents, et ne prêter aucune attention à lui. Après quelques jours de marche, il se trouva dans un petit port. Il prit la décision de quitter l'île, sans aucun temps de réflexion. Il embarqua alors dans un petit voilier, en compagnie de quelques autres voyageurs, en promettant de ne pas empiéter sur les réserves de vivres, ni lui ni son serviteur, et le capitaine du bateau accepta, sans poser de question. Nirnaeth demanda alors la direction. Un mot en réponse :
"Oldrack". Les autres personnes sur le navire étaient trois hommes, à la peau blanche et au regard inexpressif. Ils étaient vêtus tels des soldats, une armure en cuir, un heaume de fer cerclé de cuivre, un arc en bois d'hêtre, et deux dagues chacun. Le bateau partit, le voyage dura quelques jours, mais cela sembla à peine quelques heures pour Nirnaeth, qui n'avait plus vraiment la notion du temps. Il observait les hommes, qui ne le regardèrent pas une fois, ni même le capitaine, trop occupé à ses manœuvres car seul pour les effectuer.

Ils débarquèrent sur l'île d'Oldrack, le capitaine reçut une bourse de la part d'un gobelin à l'air malin et vicieux. Les trois soldats disparurent dans le port, grouillant de monde, énormément de soldats, de toutes races et de toutes couleurs. L'île était recouverte d'une épaisse brume, couvrant ainsi toute luminosité. Mais Nirnaeth était à l'aise dans les endroits sombres ou peu lumineux. Il remarqua la disposition autour du port : de grandes tentes, de petites, des huttes, des trous à certains endroits, le tout servant sans doute d'abris de nuit pour cette armée.
Un gobelin, un espèce de masque sur la tête, avec des verres au niveau des yeux, lui donnant un air spécial, s'approcha de lui alors et lui parla à toute vitesse, avec une petite voix railleuse et un accent bizarre :
"Nomme,Prénomme,Surnomme,Lieu d'origimeee.. allleeez plusvite jenaipasquevous commepersonneàrerecenser...*respiration* Maisqu'attendezvous nomd'uncimeterre... *respiration* vousallezrépondreàlafinOuinnneouNonnne?"
Nirnaeth posa un regard sur lui, pupilles blanches,et le gobelin se tassa, devenant tout d'un coups misérablement petit... Il reprit, ravalant sa salive, baissant la tête :
"Gnhé, yé voiiiis, alors pour vous *regarde une nouvelle fois Nirnaeth, et se rabaisse d'un coups voyant encore ces pupilles blanches* Direction la grande Tente un peu plus loin... Maître Grömard vous accueillera.."
Le gobelin disparut alors dans un nuage de poussière...

Nirnaeth, surpris, regarda Nen Sador à ses côtés, et ils esquissèrent chacun un léger sourire, chose bien rare chez Nirnaeth... signe d'une petite Renaissance?
Ils se dirigèrent donc vers la tente, curieux de découvrir où cet ensemble de concours de cirsconstance les avait emmené. Arrivés à l'entrée, ils découvrirent une très grande tente, qui dégageait une odeur de sueur rance et de pourriture. Ils s'assirent à l'entrée, jambes croisées tels des mages cherchant la voie de la sagesse, et Nirnaeth ferma les yeux, et patienta dans son for intérieur, cherchant la sensation qu'il eut plus tôt dans la semaine, dans la Petite Forêt.

Voilà quelques temps que Nirnaeth patientait, bien que cela ne l'importait peu. Son destin l'avait amené ici, il l'acceptait. Il attendait donc ce fameux Grömar, en compagnie de Nen Sador, silencieux. Deux Gobelourds, qu'il ne vit point arrivé, se posèrent à l'entrée, droits, les bras croisés. Ils portaient de légères armures de cuir et des boucliers rectangulaires dans leur dos ; l'un des deux étaient équipés d'une grande épée fabriquée avec un sombre métal, et l'autre une énorme masse, encore ensanglantée. Ils regardèrent Nirnaeth avec stupéfaction, et chuchotèrent entre eux. Nen Sador, l'ouïe fine, rapporta la conversation à son maître.
"Eh, Balourd, t'a vu sa tronche... Il a pas l'air commode du tout. Il est aussi moche qu'un elfe et plus répugnant qu'un nain... Je me demande pourquoi le Maître l'a convoqué." dit le soldat avec l'épée.
"Tais-toi Sombre Imbécile, je suis sur qu'il nous entend... Regarde il nous observe. Fais semblant de rien... Si le Maître l'a convoqué, c'est qu'il doit être vachement balèze..." dit le second, épiant Nirnaeth avec discrétion... enfin la discrétion d'un Gobelourd...
"Faut peut-être pas le laisser dehors", reprit le premier. "Avec cette poussière il va devenir fou. Vu comment sa peau est blanche, d'vait pas y avoir beaucoup de poussière dans son ancienne demeure..."
"T'a p'têtre raison Bouffi... bon j'vais lui dire de rentrer à l'intérieur..." enchaîna le Second.

Il s'approcha alors de Nirnaeth, qui ouvrit les yeux et le fixa. Le Gobelourd sursauta alors, devant tant de blancheur... Il pensa alors au Col Gate de son ancienne région, souvent recouverte de neige, qui éblouissait la région lors de beaux jours. Puis, hésitant, il se lança :
"M'sieur ? Le Maître ne va pas tarder. Si vous souhaitez, vous p'vez rentrer dans la d'meure. Y'a moins de poussière et c'est plus confortable."
Nirnaeth réfléchit, se rappelant l'odeur putride de l'intérieur de la grande Tente, puis regarda sa place : assis dans la poussière à la limite de se faire écraser par des va et vient incessants de soldats. Il regarda Nen Sador, qui lui fit un signe de tête vers la tente, avec un sourire léger. Nirnaeth répondit alors, d'une voix grave et sobre :
"Nous remercions ta sympathie et ton hospitalité, jeune Gobelourd. Nous acceptons ton offre."

Le Gobelourd se sentit soulager, ayant pris peur devant le temps de réflexion du Mort-Vivant. Il alla ensuite ouvrir une porte aménagée à l'entrée de la tente, et y découvrit une petite pièce, sorte de vestibule, avant le reste de la grande tente, sorte de caverne d'ogre. Dans le vestibule, un tapis finement brodé, sans doute d'origine elfique, recouvert d'une légère couche de poussière, sur lequel s'assit Nirnaeth et s'allongea Nen Sador. Le Cùkil prit alors la parole, soulignant l'heureuse initiative du Gobelourd, car il suffoquait dans toute cette poussière. Nirnaeth acquiesça, mais préférait la poussière à l'odeur lourde et rance de la demeure. Puis ils retournèrent chacun dans leur méditation.

Quelques temps plus tard, la porte s'ouvrit de nouveau et laissa un grand Orc, à la peau, comme ils n'avaient jamais vu. Celui-ci les remarqua, et sembla énervé de ne pas être seul. Il les dévisagea avec insistance, avant de parler sans hésitation, avec insolence, lui posant une question très blessante pour Nen Sador. D'ailleurs, ce comportement ne lui plut pas du tout, et il se dressa sur ses deux jambes, pour faire valoir sa taille (au moins un mètre cinquante !), et montra ses crocs aiguisés et sortit ses griffes en signe de contestation. Nirnaeth se leva alors, et fit face à l'insolent, le fixant avec ses yeux blancs, avant de parler, la paume de main ouverte, une lueur violine en forme de boule se formant à l'intérieur de celle-ci.
"Bonjour, Grand Orc, à qui ai-je l'honneur ? J'aime bien savoir l'identité de ceux qui sont insolents par simple méchanceté, alors que nous étions tranquillement assis à attendre le maître de cette demeure."
Puis il reprit sans temps d'attente :
"Nous ne cherchons point la bagarre, mais si vous la cherchez, vous êtes mal tombé, car les douleurs nous sont insensibles et la mort impossible, du moins par la lame d'une épée ou par la flèche d'un arc. Celui que vous avez insulté, se nomme Nen Sador, et est plus mon serviteur que mon Familier. Il fut un grand Cùkil renommé sur l'île de Qlimani par des temps anciens. Mais les ombres et les malheurs sont arrivés et l'on fait devenir ce qu'il est actuellement. Il n'en reste pas moins vivant, si l'on peut dire, et il mérite tout respect de votre part. C'est à vous de choisir."

Puis il se retourna et repartit s'asseoir. Nen Sador se ravisa, et s'assit à côté de son maître, fixant néanmoins d'un oeil noir l'Orc.

A peine assis et remis de sa rixe avec cet Orc rouge insolent, un être d'une taille inimaginable, à la corpulence sans nom, fit son apparition dans la pièce, dans un brouhaha infernal. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes et l'intervention du Gobelin Recenseur, que Maître Grömar se rendit compte de la présence des trois individus dans son vestibule. Il partit au quart de tour, insultant et rabaissant alors Nirnaeth et ses deux compagnons. Mais Grömar paraissait résigner, et d'un geste bref, demanda aux "invités" de sortir. C'est accompagné du Gobelin Recenseur, portant le nom de Tik Sans-Souffle, qu'ils sortirent de la demeure. L'Orc Rouge ne s'attarda pas, ne portant aucune attention au Gobelin et Nirnaeth. Il feinta son départ et observa Nirnaeth de bas en haut, avant de porter un autre reproche, le traitant de personnage frêle... et s'en alla sans attendre une éventuelle réponse. Nirnaeth garda ses paroles pour lui-même, avant d'en parler avec Nen Sador, qui grognait encore à cause de la réflexion précédente de l'Orc :
"Les personnes les plus petites et les plus faibles font souvent les plus grandes choses !"
Nen Sador approuva totalement son maître, à la parole juste et sage. "Aux pires blessés de l'existence, il suffit parfois d'un geste, d'un signe pour que revienne la confiance et redémarre la si belle machine des jours heureux !" reprit Nirnaeth.

Tik Sans-Souffle et les deux Gobelourds, à proximité de Nirnaeth au moment de ses paroles, parurent méditer alors. Nen Sador regardait son maître avec amour, et pendant un moment il sembla qu'il fût heureux d'être un mort-vivant avec lui. Tik, quant à lui, avait la mâchoire pendante, comme si un déclic venait d'avoir. Reprenant ses esprits, il regarda autour de lui, et parla :
"M'sieur le Décharné, vos paroles sont sages, mais votre future mission sera périlleuse, et j'espère bien que vous reviendrez entier de cette île. Elle est peuplé de ces petites et corpulentes personnes aux haches lourdes et tranchantes. Pour prendre le bateau 24, il faut traverser le camps, en direction du Nord-Est, et je vous conseille de rester sur la route et non de s'enfoncer dans les multiples chemins qui la bordent."
Puis d'un coups, Tik toucha sa langue, puis sa tête et enfin son corps. Il se gifla trois fois, et cria :
"Crénom de Gork, nomdidjdiou ! J'ai réussi à parler en respirant !!!"
Il sauta alors dans tous les sens, se jeta dans les bras de Nirnaeth, voulut prendre Nen Sador dans ses bras, mais se ravisa devant la puanteur se dégageant de ce pauvre Cùkil, puis sauta dans les bras des Gobelourds, qui s'esclaffèrent devant cette joie incontrolable. Il continuait de crier :
"Je suis guéri, GOrklujah ! GOrkluiaahhhh !"
Puis il revint auprès de Nirnaeth et son serviteur, et parla, la larme à l'oeil :
"Je ne sais pas ce que vous avez fait, mais vos paroles sont divines et bénites par Gork !"
Puis il s'en alla en courant dans tous les sens, toujours dans un nuage de poussière. Nirnaeth le regarda partir, légèrement surpris que si peu de choses rendent des gens heureux, et commence lui même à croire à ses paroles. Il prit donc la direction du chantier Naval, après avoir dit un bref en revoir aux deux Gobelourds de l'entrée, qui le saluèrent avec un grand sourire, dévoilant leurs dents écartées et jaunâtres, ce qui fit rire Nen Sador.

Ils traversèrent le camps, suivant la route comme Tik l'avait dit. Ce camp était principalement composé de tentes, mais à certains endroits ils pouvaient apercevoir de petites et grandes demeures en pierres grises, au toit plat, avec de grandes portes, et de petites lucarnes pour laisser entrer le peu de lumière sur l'île. Enfin au bout d'une petite trotte, il arriva au chantier naval, où s'élevait des navires de toutes tailles. Il y avait des voiliers, des navires de transports, des navires de combat, des barques, des sortes de pirogues, et certains bateaux ressemblaient à des planches de bois reliées posées sur l'eau, des embarcations de fortune nous dirons. La va-et-vient entre le camp et le chantier ne cessait jamais. Des petits gobelins portant de petites planches aux Ogres se trimbalant des bouts de navires entiers, la vacarme était infernal. Nirnaeth et son compagnon décidèrent alors de s'écarter un peu du chantier, à quelques mètres à peine, pour se poser sur un petit rocher qui trainait là. Il s'y assirent, Nen Sador somnola, pendant que Nirnaeth ouvrait ses paumes de mains vers le ciel rougeâtre de poussière, et y faisaient apparaître de petites boules d'énergie violine. Il rejoignit alors ses paumes, ce qui forma une sorte de fantôme de la même couleur, représentant une femme, ou une jeune fille, et Nirnaeth regarda cet être avec un regard triste. Puis il écarta ses mains l'une de l'autre, et la forme disparut. Et il ferma les yeux, attendant l'heure du départ.

Une voix résonnait en lui. Claire, douce, chantante. Elle l'appelait : "Nirnaeth, Nirnaeth, Nirnaeth, rejoins nous. Nirnaeth, Nirnaeth, ne nous oublie pas."
Puis la voix se fit plus grave, et se déforma :
" Nirnaeth, Nirnaeth ! Nirnaeth ?!" Puis d'un coup, un cri : "Maître Nirnaeth !!"
Il ouvrit alors les yeux, et découvrit Nen Sador devant lui, en train de l'appeler.
"Eh bien, Maître, je crois que vous et votre for intérieur était en total fusion !"
"En effet, Nen Sador, je le crois moi aussi. Il me sembla pendant un moment entendre ma fille ou ma femme, je ne sais pas, mais j'ai du rêver..." dit Nirnaeth.
"Je vous réveille, car un fort brouhaha et un regroupement anormal a lieu à quelques pas d'ici. Un fort attroupement de Gobelins se mobilisent autour de quelques choses, mais je ne sais quoi, ma vue est obstruée par ces personnages." reprit Nen Sador tout en observant au loin la cause du réveil de son maître.
"Et bien allons voir ceci, histoire de nous distraire un peu si distraction il y a ou d'intervenir si problème apparaît." enchaîna le décharné.

Ils se dirigèrent alors vers les lieux du regroupement, et au bout de quelques minutes, se retrouvèrent parmi la foule de Gobelins, surexcités, et visiblement énervés. Nirnaeth vit alors un spectacle plutôt effrayant : deux êtres de grandes tailles, à la peau mate, les yeux rouges et de longs cheveux blancs, étaient en train de martyriser un pauvre gobelin, qui gisait allonger à côté de trois autres gobelins, mais ayant déjà passer du monde des vivants à celui des morts. Les deux tortionnaires, sans doute des Elfes déchus, du moins ce qu'en déduit Nen Sador, qui en savait long sur les diverses races du monde, donnaient de violents coups de pieds et lacérés le pauvre gobelin au sol avec leurs épées. Nirnaeth remarqua alors un masque sur le côté, avec deux lunettes cassés dessus. Il comprit alors que le pauvre Gobelin au sol n'était autre que Tik Sans-Souffle, qui, dans sa grande bonté, était venu porter soutien à ses autres compagnons, mais était en train de subir le même sort qu'eux. Les autres Gobelins autour n'oser intervenir, soit par peur des représailles, ou tout simplement par manque d'armes efficaces, malgré leur nombre conséquent, facilement une douzaine. Nirnaeth décida d'intervenir alors, car il voyait que Tik était en grande difficulté, et de plus, les combats injustes l'oripilaient. Il sortit de la foule et s'interposa alors entre Tik et les deux assaillants, vêtus de tuniques rouge, noire et blanche, ainsi que de longues épées et un bouclier rond. Nen Sador était à ses côtés, griffes prêtes et crocs aiguisés.

Les deux Elfes, surpris par l'intervention du décharnés, pointèrent leurs épées vers lui, et le plus grand lui demanda avec insolence de s'écarter, ou il serrait mis à mort lui aussi. Nirnaeth n'accepta point, et dit avec insistance :
"Reculez et écartez vous de moi. Vous êtes en train de tuer injustement un Gobelin Rare, car il est doté de talent que peu de Gobelins ont : celui de lire et écrire. Et de plus, je le considère comme un ami. Alors partez et rangez vos armes, les trois autres gobelins suffiront à votre tableau de chasse."
Les Gobelins, derrière lui, l'acclamèrent, et sentirent le courage revenir dans leur membres. Les Elfes leurs portèrent un regard sévère, et l'un d'eux cria : "Taisez-vous bon à rien, sous race de ce monde, vous périrez tous devant votre insouciance ! Et toi, le Mort-Vivant et ton..." Il regarda Cùkil, qui montrait ses crocs et ses grandes griffes, le regard noir de haine. " Toi et ta.. bête de foire, enlève toi de là, et laisse nous finirent notre travail. Sinon, nous te tuerons." Nirnaeth ne bougea point, comme simple mouvement, mis ses mains l'une en face de l'autre, droite, paume face à face. Une légère lueur violine jaillit soudain.
Le grand Elfe cria alors : "Meurs donc sale Rat !!" et se jeta sur Nirnaeth. Une lumière blanche éblouissante jaillit alors des mains de Nirnaeth, et la luminosité baissa soudainement. L'Elfe rata son attaque, son épée venant se ficher dans la poussière. Le deuxième Elfe tenta d'attaquer, mais les Gobelins se jetèrent sur lui, et le frappèrent avec des objets contondants divers - pierres, planches, clous, slip de gobelourds - jusqu'à que mort s'en suivent. Le Grand Elfe, éblouis par la lumière blanche, resta aveugler quelques minutes, mais reprit ses esprits dans une pénombre totale : son destin fut tracé en quelques secondes, et la luminosité refit son apparition. L'Elfe déchu gisait au sol, le cou ensanglanté, le corps lacéré de griffures profondes, les yeux crevés. Ainsi finit la vie de Lorgan, elfe sanguinaire.

Les Gobelins hurlèrent de joie, et remercièrent Nirnaeth. L'un d'eux s'approcha, et dit à Nirnaeth sympathiquement : "Tu es désormais un ami des Gobelins, partout où tu iras ils devront te traiter avec le plus grand respect qu'ils puissent." Puis il repartit, et plusieurs Gobelins amenèrent Tik, blessé et contusionné, mais qui lança un regard amical et un sourire léger à Nirnaeth et son Serviteur. Puis les deux repartirent sur leur rocher, satisfait de leur affaire.
"Je crois, Maître, que nous avons fait parler de nous sur l'île en peu de temps, et que notre passage ici s'est révélé moins discret que nous l'aurions souhaité." reprit Nen Sador. Puis il sourit à Nirnaeth et mâchonna quelque chose, Nirnaeth en déduit un bout de l'Elfe, et sourit sympathiquement.

L'heure du départ arrivait. Nirnaeth méditait toujours, au plus profond de lui-même. Mais l'agitation environnante le destabilisait de plus en plus, alors tout à l'heure cela ne l'avait en aucun point gêné. Il sentait une présence réellement maléfique, un autre être sanguinaire du même type que ceux rencontrés quelques temps auparavant. Nen Sador confirma sa pensée, quand, oreilles dressées, sens olfactif en alerte, il regarda Nirnaeth et hocha de la tête. Puis des sons de sabots, un arrêt, et quelques instants suffirent avant que des petits cris s'échappent, plaintif et révolté. Au loin, une lame brillante s'agitait, des corps tombés, des membres découpés. Nirnaeth murmura quelques mots à Nen Sador :
"Je crois, Nen, qu'un être bien pire que tout à l'heure est arrivé. Il est temps d'aller voir ce qu'il se passe, s'il n'est point trop tard."
"Son odeur est forte, elle mélange sang et haine, mais je sens encore une autre odeur, mais celle d'un être réellement maléfique." enchaîna Nen Sador.
"Il ne faut pas s'en étonner. Nous sommes sur Oldrack, dans le campement d'Argor. Il n'y a pas que de simples soldats ici. Il y a aussi des êtres maniant la magie noire et les démons avec grande adresse. Je ne sais pas si celui qui vient d'arriver en a la capacité, mais si oui, il demeure très dangereux. Il faudra donc faire attention, car cette magie atteint tout le monde, même nous." reprit Nirnaeth.

Ils s'approchèrent discrètement dans l'obscurité du soir du lieu des évènements, et découvrirent un grand cheval noir, aux yeux rouges et aux narines soufflant fortement. Son corps étaient marqués de multiples traces, de cicatrices, signe d'un cheval ayant vécu de nombreuses batailles. Nirnaeth, par précaution, s'écarta de lui, et ils l'esquivèrent au mieux, de peur que par sa taille et sa force il se détache de la frêle poutre le maintenant. Nirnaeth rapprocha alors ses paumes l'une de l'autre, et laissa entrapercevoir cette lueur violine, qui avait fait tant de dégâts auparavant. Il regarda Nen Sador, et murmura :
"Simple principe de précaution"
"Bonne idée, Maître." répondit Nen Sador, qui sortit ses griffes dans un bruit métallique.

Ils arrivèrent alors au milieu de nombreux cadavres de gobelins, lacérés de coups d'épée, et aperçurent celui dont il avait parlé : un Elfe Déchu, encore plus grand et plus fort que les deux autres, à la chevelure argentée, brillante même dans la pénombre. Il était habillé beaucoup mieux que les deux autres, et portait une armure brillante, et une grande épée, à la lame légèrement recourbée en bout. Accroché à son ceinturon noire, un casque noire, et le reste de sa tunique paraissait grise et rouge, ou peut être blanche, mais cette couleur étonnait Nirnaeth. Alors que l'elfe levait l'épée pour abattre un pauvre gobelin, surgit d'un côté l'Orc Rouge insolent, rencontré dans la tente du Maître Grömar, qui prit la main de l'elfe avec fermeté en l'empêcha de frapper sa cible. Puis il dit quelques mots, mais Nirnaeth ne put les entendre, encore à une vingtaine de mètre des deux personnages. Cependant, Nen Sador entendit ces paroles, et les retranscrit à son maître :
"Il me semble bien, Maître, que l'Orc Rouge vient d'apporter secours à ce pauvre gobelin, et n'apprécie guère ce massacre de créatures apparentées à sa race. Je pense qu'il faut intervenir rapidement, avant qu'il ne soit trop tard."
Nirnaeth et Nen Sador accélérèrent alors leurs pas, et se trouvèrent à quelques mètres des deux protagonistes. Nirnaeth n'attendit point, et cria :
"Si tu cherches celui qui a tué les deux Elfes, il est ici."
L'Orc et l'Elfe se retournèrent alors, surpris par cette arrivée impromptue. Nirnaeth enchaîna sans attendre :
"Je ne sais pas ce que tu veux, ni exactement ce que tu cherches. Peut-être moi, peut-être quelqu'un d'autres. Mais cela ne t'empêche pas d'éviter de tuer des créatures innocemment. Si tu cherches le combat, tu l'auras. Mais sache que je ne me laisserais pas faire, et que je préfère les paroles au sang. A toi de voir."
Entre les paumes de main de Nirnaeth luisait la lueur violine, variant de temps à autre avec le blanc. Il était prêt à combattre, ne sachant pas l'intention de son ennemi, mais la devinant.

Les mains de Nirnaeth tremblaient. Non pas de peur, mais il sentait une puissance en lui l'envahir. Cet Elfe lui rappelait celui qu'il avait abattu il y a presque un demi-siècle avant de mourir et de changer de "vie". C'est sur le cadavre de cet elfe [Hors RP : Les détails seront publiés dans le Carnet de Bord d'un Mort-Vivant, en cours de rédaction, sur Microsoft Word] qu'il avait trouvé sa dague "Gurthang". Devant la cruauté de ce personnage, Nirnaeth n'eut pas de mal à imaginer la cruauté de son confrère de nombreux années plus tôt, et espéra que ni sa fille ni sa femme ne soit tombée sous les coups d'une de ces créatures. Ceci provoqua en lui une haine profonde et puissante, du genre incontrollable. Alors qu'il avait fini son petit discours et achevé sa pensée, ses yeux s'entourèrent d'un léger halo de fumée violine, se différenciant avec la blancheur de ses pupilles. Alors que l'elfe murmurait quelques mots, Nen Sador prit rapidement la parole :
"Maître, il me semble avoir entendu un blâme contre vous. Il me semble avoir aussi entendu une incantation elfique et ..." Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que la terre trembla et surgit un énorme marteau des abysses, noir et argenté, et frappa lourdement l'Orc Rouge, qui n'eut point le temps de réagir. Il alla s'écraser quelques mètres plus loin, visiblement inconscient.
"Je crois que s'en est fini de cet Orc..." murmura Nirnaeth.

Alors qu'il regardait encore voler l'Orc, le Marteau frappa une nouvelle fois le sol, lourdement, dans la direction de Nirnaeth. Le marteau semblait contrôler par la pensée de l'elfe, qui ne bougeait point, simplement les mains, qui luisaient de rouge. Le marteau, en s'abattant sur le sol, dégagea un énorme nuage de poussière, et plongea l'endroit dans une pénombre épaisse. Nirnaeth se renversa en arrière par le choc, tandis que qu'il perdait de vue Nen Sador. Il se releva tant bien que mal, et observa autour de lui, mais ne voyait peu de chose, si ce n'est quelques ombres. L'habituel vacarme de ce coin de l'île se tut alors, et un silence lourd se fit. Nirnaeth tenta d'avancer, mais il entendait des murmures dans sa tête. Il avança de quelques pas, prudemment, mais ne voyait rien, et n'entendait rien. Et d'un coup, il se fit projeter de nombreux mètres plus loin, et il sentit une forte douleur dans son dos : il venait d'être frappé par le marteau par derrière. Il se retourna au sol, ayant atterrit face contre terre et tenta de se relever. C'est alors qu'il aperçut, sortant du mur de poussière tourbillonant, l'elfe déchu et devant lui, son Marteau Maléfique. Nirnaeth essaya de se relever, mais il semblait pris d'un maléfice, et resta cloué au sol. L'elfe lui parla alors :
"Eh bien, Nirnaeth Arnoediad, on ne peut point se relever ? On a joué au courageux et on a perdu. Je me demande bien pourquoi Argor vous a laissé en vie. Vous n'êtes qu'un misérable. Vous ne valez rien."
Il regarda le décharné au sol, et sembla vouloir prolonger sa souffrance.
"Il me semble que votre visage me dit quelque chose. Mmmh... Il me rappelle une jeune fille semi-elfe que j'ai rencontré il y a quelques années déjà. Comment s'appelait-elle déjà? MMhh.. Urwen, il me semble, n'est ce pas Antarion?" reprit l'elfe avec un sourire ironique.
Au nom de sa fille, Nirnaeth sembla prit d'une rage incroyable. Il cria alors sur l'elfe, l'injuriant de toutes sortes.
"Cela ne sert à rien de s'énerver. Vous allez mourir et les rejoindre, n'êtes vous pas content? C'est un honneur que je vous fais... Après votre fille, c'est vous que je tuerais... Adieu, rat !" enchaîna l'Elfe, regardant le décharné souffrir au sol. Il s'approcha alors de Nirnaeth, et son marteau se leva.

Puis un bruit, comme une cavalcade, se fit entendre. L'Elfe détourna son attention alors du décharné, et observa autour de lui. Et alors, surgit de nulle part, sortie une petite créature à quatre pattes qui se jeta sur l'Elfe : Nen Sador. L'Elfe tomba à la renverse, mais réussit à sortir de l'étreinte du Cùkil, aussi enragé qu'il soit. D'un simple geste de la main, le marteau projeta la créature au loin. Elle s'écrasa lourdement et ne bougea plus. Pendant ce bref instant, il sembla que l'emprise que l'elfe déchu avait sur Nirnaeth se soit relâché. Nirnaeth se releva alors, et s'écarta alors de l'Elfe. Il mit ses paumes face à face, comme à son habitude. L'Elfe se tourna alors vers lui, et rit fortement. Il s'écria alors :
"Vous pensez peut être me faire peur avec cette magie. Vous êtes de plus en plus ridicule, Nirnaeth. Personne peut toucher de cette façon maître Deldor"["Horreur de la Terre", en elfique, allusion à son marteau]
"Ne parlez pas trop vite, Deldor, vous risqueriez de..." Nirnaeth ne finit pas sa phrase. Il ressentit une forte douleur à la tête, et s'agenouilla. Puis ses habituelles pupilles blanches devinrent Violette.
"VALUIAL" ["Pouvoir du Crépuscule", en elfique] cria-t-il alors, avec un voix grave et railleuse.
Il se releva, et le vent se fit plus fort, à la limite de la tempête. L'Elfe déchu ne bougea point, mais pour la première fois il douta de la faiblesse de son adversaire. Il bougea ses mains, de bas vers le haut, et le Marteau alla frapper Nirnaeth. Mais il s'arrêta, comme si il avait un mur invisible. L'Elfe lâcha un petit cri aigu de stupéfaction. Puis Nirnaeth reprit avec la même voix :
"Il me semble que vous m'avez sous estimé, maître Deldor."
Le Marteau se brisa alors au sol, et une brume blanche entoura alors Nirnaeth et il leva lentement son doigt vers l'elfe. La Brume se déforma alors, et quatre démons apparurent alors et foncèrent sur l'Elfe déchu. Celui-ci cria, mais il était trop tard. Il disparut avec les démons, accompagné d'atroces cris. Le nuage de poussière retomba, et Nirnaeth s'effondra sur le sol, inconscient.
[HORS RP :Je laisse ici le soin à Tharök de prendre la suite, en espérant que ce sacré coup de marteau n'ait pas altéré ses fonctions mentales ]

Une légère lumière le réveilla. Nirnaeth était allongé dans un lit simple, et avait une petite douleur au dos et à la tête, mais sinon, il se sentait plutôt bien. Une lourde couverture en peau d'Ours le recouvrait, et son matelas consistait en un simple bout de tissu rempli de plumes. Il se trouvait dans une sorte de chambre, mais il n'en avait rarement vu des comme ça : tout en bois, avec deux larges poutres la traversant au plafond. Elle était dans un bon état, ce qu'il l'étonna. Il y avait aussi au sol une sorte de grand tapis finement brodé, de même type que celui dans la tente de Maître Grömard. Un bureau en bois sombre complétait la pièce, illuminé par deux petites fenêtres aux carreaux teintés de rouge et de violet, et quadrillés de fer. Le sol était un solide plancher de bois sombre aussi, de même qualité que celui du bureau. Aucunes décorations, si ce n'est une petite armoire qui devait servir pour ranger des affaires. Cette chambre lui faisait penser à une cabine de bateau, mais il ne sentait pas les remous de la mer cependant. Alors qu'il réfléchissait sur cette hypothèse, celle ci fut validée par un cri strident : une mouette venait de se poser devant sa fenêtre. Il se leva alors tant bien que mal, combattant son léger mal de tête, et s'approcha de la fenêtre. La mouette s'envola alors, et Nirnaeth découvrit un spectacle grandiose : il se trouvait à l'arrière d'un énorme bateau, du genre galion ou nef, mais en nettement plus grand. Entre la fenêtre de sa cabine et la surface de la mer, il devait bien y avoir une vingtaine de mètres, voir plus. Le bateau était en pleine mer, il ne voyait rien à l'horizon, sinon autre que la mer et un soleil de plomb. Aucun nuage ne venait ternir la beauté du ciel bleu. Il resta quelques temps à regarder et à respirer l'air pur de cet endroit.

Alors qu'il était perdu dans ses pensées, quelqu'un toqua à la porte. Il se retourna, la porte s'entrouvrit et laissa passer une petite créature : c'était Nen Sador.
"Eh bien, Maître, il me semble que l'on se soit fait quelques frayeurs" dit-il avec un petit sourire.
"NenS" s'écria Nirnaeth, content de voir un visage familier (c'est bien le cas de le dire..) "Je suis heureux de te revoir en vie, après le sacré coup de marteau que tu as reçu. Mais au faite que s'est-il passé? Ma mémoire vacille. " demanda alors Nirnaeth, se souvenant de l'Elfe Déchu.
"Je n'ai pas tout vu, Maître, mais quand j'ai repris mes esprits, Maître Grömard était à nos côtés et Maître Deldor s'en allait sur son destrier Noir, visiblement très énervé. Maître Grömard m'a dit de ne point parler de cela, et nous a fait monter dans ce navire gigantesque qui venait d'amarrer. Il vous a fait déposer dans cet cabine, et l'Orc Rouge, se prénommant Tharök d'ailleurs, dans la pièce à côté. Vous étiez tous les deux évanouis, et vous êtes restés inconscients pendant deux jours environ. Des "infirmières" comme on les appelle ici se sont occupées de vous." dit Nen Sador.

Alors qu'il prononçait ses paroles, Nirnaeth entendit des pas se rapprocher, et vit débarquer ce que Nen Sador appelait une "Infirmière" : une Elfe Déchue, les cheveux longs, mi argentés mi-or, le visage blanc et les yeux violets, d'une beauté... maléfique. Nirnaeth l'a vit rentrer au ralenti, les cheveux se balançant de gauche à droite. Elle était habillée d'une simple tunique blanche, couvrant du haut de ses cuisses jusqu'au niveau du bas de ses épaules, laissant le haut des épaules découvert. Elle était grande et fine, mais ses formes étaient réellement mise en valeur par cette tenue. Dans ces cheveux tenaient un simple bandeau blanc, avec une croix rouge dessus.
Nirnaeth ressentit alors quelque chose qu'il n'avait pas eu depuis bien du temps, une sensation difficile à expliquer. La seule chose que l'on peut dire, c'est que cette magnifique créature ne le laissa pas insensible. Elle s'approcha alors de lui, et lui murmura sensuellement, tout en passant la langue sur ces lèvres rouge foncé :
"Eh bien, Nirnaeth Arnoediad, on se sent mieux. Je crois que les soins que je vous ai prodigué vous ont plus que réussi..."
Puis elle lui fit un petit clin d'oeil, et recula quelques pas. Nirnaeth, quant à lui, semblait subjuguer par son charme, et l'odeur de son parfum quand elle s'approcha envahie ses sinus, et n'arrangea pas son cas. Il demeurait devant la belle Elfe, la bouche ouverte, les yeux blancs grand ouvert, comme s'il allait se désintégrer.
"Vous êtes bien timide dis donc, ou alors je vous impressionne" reprit l'Elfe, en train de réajuster sa tunique blanche au niveau des cuisses devant un Nirnaeth. Nen Sador, semblait quant à lui plus intéresser par la mouette qui trainait devant la fenêtre que par l'Elfe. Il regardait la mouette en se léchant les babines, signe d'un prochain festin.
"Je m'appelle Etyldenwaith Melchinaë, mais entre nous appelez moi Ethyl." dit-elle alors.
"Je suis Maîtresse en Soin Corporel et Guérisseuse, et je m'occupe des malades du pavillon Lunturug, un des plus grands navires de la flotte de Maître Argor" reprit-elle. Quand elle prononça le mot Argor, et elle se prit les deux mains et les porta à son coeur, et semblait heureuse rien qu'à prononcer son nom.
"Bon ce n'est pas tout mais il faut que je vous examine !" dit-elle avec surprise. Nirnaeth ne la contredit point. Il s'assit sur le rebord du lit.
"Nirnaeth, mon cher Nirnaeth, allons pas de chichi entre nous, il faut que vous enleviez votre haut de tunique..." reprit-elle, les yeux rieurs.
Nirnaeth sembla hésiter et puis il bafouilla :
"Mais.. mais.. il serait plus judicieux..." Il ne finit pas sa phrase, car Ethyl le regarda sévèrement et sortit de dessous sa tunique une sorte de baguette, avec un bout en cuir. Puis elle regarda Nirnaeth en tapotant cette baguette dans sa main, avec un sourire malin.
"J'ai compris"dit Nirnaeth, et son teint blanc rougit. Il enleva le haut de sa tunique et laissa apercevoir son corps osseux et marqué de nombreuses cicatrices. Ethyl regarda alors son dos : une grande marque, en forme de T, s'était formé quand le marteau l'avait frappé. Sa peau était comme brulé sur toute cette surface.
"Mhhh, c'est une vilaine blessure. Maître Deldor ne vous a pas épargné. Il vous restera une marque indélébile. Il a déposé sa signature." dit elle. Puis elle rangea sa baguette, et passa ses mains sur son dos. Nirnaeth frissonna, elles étaient d'un froid glacial. Mais il sentit la douleur s'apaisait, et ferma les yeux.
"C'est fini" dit elle avec enthousiasme, "Vous pouvez continuer de regarder les mouettes" esquissa-t-elle avec un sourire ravageur.
"Je tiens à vous signaler que pour un mort-vivant vous êtes plutôt en bon état ! Vous deviez être fort charmant avant..."
Elle regarda Nirnaeth et se perdit dans ses pupilles blanches. Nirnaeth, quant à lui, était conquis. Ethyl se reprit alors, et enchaîna :
"Bon et bien bonne journée Nirnaeth Arnoediad, j'ai d'autres patients aujourd'hui, heureusement, mon assistante m'aide bien."
A ce moment là, une énorme Orc(esse?) Rouge, toute maquillée, laissa entraparaître son visage, et elle sourit.. de la façon d'un Orc.
Puis Ethyldenwaith se retourna et s'en alla, en esquissant un dernier regard au mort-vivant. Nirnaeth observa une dernière fois le déhanchement subtil et la finesse du corps de l'Elfe Déchue, avant que celle ci ne s'engouffre dans un des couloirs du grand navire qu'était le Lunturug. Puis il s'allongea sur son lit et pensa à cette Elfe, et il se perdit dans ses pensées. Il se remémora aussi le combat contre l'Elfe Déchu et se posa de nombreuses questions sur cette race, à voir la différence entre la douceur d'Ethyl et la haine de Deldor. Il pensa aussi à sa fille et à sa femme, qui avait des traits avec cette Elfe, bien que leurs races divergent. Nen Sador, lui, avait les idées fixes, et regardait avec attention la mouette, attendant le moindre faux pas pour finir dans le ventre du Cùkil.