Mjolnir VS Pirates

Les pirates

Les sabots de l’étalon claquaient sur les pavés humides comme une pluie torrentielle sur un toit de tuiles.
Le cavalier tira sur les rennes de telle manière que l’animal redressa la tête et stoppa sa course à un pas du rebord du quai.
Des soldats arrivaient et hurlèrent en voyant l’homme qui cherchait une solution, le dos à la mer.
Une fine caraque quittant son attache passa assez prés du quai pour que le barbare, courant sur quelques pas accomplisse un saut phénoménal pour atterrir sur le pont de l’esquif.
Le capitaine du navire, un petit homme courtaud mais robuste fut arrêté par la longue lame du passager clandestin.
« Met le cap au large et éloigne toi aussi vite que pourras de ce port si tu ne veux pas voir ton navire inondé du sang de ton équipage, dit le barbare au petit homme.
Le capitaine se retourna et beugla quelques ordres précis.
Son équipages comptait six hommes qui ferlèrent les voiles ce qui permit au petit navire marchand de prendre le vent et de filer vers le large.
« Mon nom est Garko et je suis un honnête commerçant, déclara le capitaine, range ta lame ou alors il te faudra vraiment t’en servir car nous ne sommes pas des brebis allant au sacrifice.
Tu devras tous nous tuer si tu en tue un seul.
Allez, range ton épée et viens boire une coupe de vin, de toute manière je n’aimais pas ce port et toutes ses taxes et ne comptais pas y revenir avant longtemps ».
L’invité retira son casque et une longue chevelure rousse s’en dégagea. Il était grand et robuste, vêtu tout de noir à la manière de la garde des Dragons Noir, défenseurs personnel du roitelet de la cité.
L’homme rangea son épée et sourit.
-Mon nom est Mjolnir.
Excuse mon arrivée brutale mais comme tu l’as constaté, je devais quitter cette ville infecte.
Décidément, je ne comprendrai jamais la civilisation ; une femme avec qui j’avais passé une nuit mémorable se trouve être la concubine du capitaine des Dragons Noir.
Il vient me chercher querelle, je le tue et les juges veulent m’incarcérer car il aurait été plus civilisé de ma part de me faire tuer par lui car il était mon supérieur et de famille noble.
Alors j’ai tué aussi le juge et quelques autres pour pouvoir m’enfuir.
Voilà mon histoire brave homme. Je travaillerai à ton bord et irai où tu iras, peu m’importe.
Garko écoutait en souriant ce jeune barbare. Cette folle escapade lui rappelait sa jeunesse de mercenaire.
-Tu es le bienvenu. Tu sembles savoir te servir d’une épée, tu pourrais m’être utile.
Je commerce avec les tribus de la cote noire et parfois, des pirates sont attirés par les breloques qui composent ma cargaison.
Quelques coupes de vin fruité scellèrent le marché.
Les vents étaient favorables, les journées passaient comme la mer turquoise berçait le navire et les hommes inondés d’un soleil mielleux.
Ce fut d’abord un simple appel d’un marin qui monté au plus haut du mat afin de réparer une drisse repéra une voile au loin.
Tous tournèrent leur regard vers la côte proche.
Une plage parsemée de palmier et de derrière une anse, surgissait un navire, une galère à trente rame.
Le navire arrivait en oblique et allait certainement croiser leur route rapidement.
Un cap d’interception.
« Du travail pour mon épée, déclara simplement Mjolnir, préparons nous à l’abordage ! »
Quelques ordres rapides et précis furent donnés.
Des mantelets furent fixés au bastingage et des armes furent tirées d’un vieux coffre.
Chacun avait pour lui une cuirasse, un glaive, une épée, un épieu ou une masse.
Le navire ennemi approchait, empli de guerriers noirs comme l’ébène, nus hormis une ceinture de peau et quelques plumes bigarrées plantées dans leurs chevelures crépus.
Mjolnir avait revêtu son harnachement complet.
Des bottes de cuir montant jusqu’aux genoux, une cote de maille noire et luisante aux manches longues et un casque noir par lequel ne transpirait que son regard.
Sa longue épée en main, il savait que le combat serait rude.
Une trentaine de sauvages contre moins d’une dizaine de marins qui prenaient les armes pour défendre chèrement leur vie et le navire.
Une pluie de flèche assombrie le ciel et vint inonder le navire marchand.
Les mantelets en stoppèrent un grand nombre mais trois trouvèrent preneur.
Un marin tournoya voulant hurler mais la flèche plantée dans sa gorge l’en empêcha.
Un autre en reçu une dans l’œil gauche et succomba instantanément, un troisième fut blessé à la cuisse.
Des grappins furent lancés et lièrent les navires. Certains furent tranchés mais il y en avait trop.
Et ce fut l’assaut.
Certain se jetèrent au devant des sauvages ; d’autres attendaient sans frémir frappant sans relâche les formes sombres qui affluaient comme un raz de marée.
Garko essuya une attaque et fracassa un crane de sa longue hache de guerre. Il reçu un javelot entre les omoplates, se retourna, éventra son agresseur avant de s’abattre dans une mare de sang.
Les noirs attaquaient de tous les cotés à la fois les marins qui tentaient de défendre le navire contre la meute hurlante.
Le pont grouillait de guerriers nus.
La bataille se transforma en tourbillons de sauvages hurlant qui décimaient les hommes blancs adossés les uns aux autres.
Bientôt il ne resta plus qu’un grand guerrier vêtu de noir, la cuirasse écorchée et ensanglanté qui se dressait dos au mat du navire.
Devant lui gisaient les corps décapités, démembrés ou éventrés de sauvages morts.
En vérité les noirs eurent un instant d’arrêt en contemplant cet homme, statue bardée de fer et d’acier qui lançait des cris de guerre et riait en balançant sa lame bleutée qui moissonnaient les pirates comme un blé trop mûr.
« Venez et mourrez, noires créatures des enfers. Vous n’êtes plus qu’une dizaine. Peut être l’un de vous survivra et ira pleurer chez les épouses de ses frères chiens.
Allez, n’ayez pas peur, se moquait le barbare, venez tâter de cette lame et de ma fureur, la mer sera rouge de votre sang impur et les Dieux boiront à ma santé à la taverne du Walhalla. »
Les noirs se ruèrent en hurlant quand un cri bref, tranchant comme un couperet les fit s’arrêter.
Du vaisseau pirate arriva une femme blanche à la longue chevelure noire qui tombait devant ses seins, parée d’un voile diaphane reflétant l’azur du ciel marin.
Ella enjamba sans un regard les morts couverts de sang et elle semblait danser en se mouvant avec une grâce féline au milieu des pirates noirs couverts de sueurs et de blessures.
Les hommes s’écartèrent et elle s’approcha du guerrier survivant.
Tendant une main fine aux doigts délicats vers le barbare, elle lui sourit.
«Cela fait des années que je cherche un homme tel que toi.
Un lion parmi les hommes.
Hôte ton casque et range ton épée ensanglantée, car tu en as fini, aujourd’hui avec la bataille ».
Mjolnir enleva son casque et secoua sa crinière rousse trempée de sueur.
Il planta son épée rougie devant lui et pris la main proposée.
Alors, sans piller le bateau qu’ils laissèrent voguer avec sa cargaison et ses cadavres de blancs et de noirs, les pirates, la déesse blanche et Mjolnir gagnèrent le bateau pirate et partirent vers la cote.