Récit de voyage de Mjolnir : Le Dragon

Le Dragon

Le Dragon le poursuivait. Il détalait comme un lapin et Mjolnir détestait courir pour fuir un ennemi ou une confrontation mais face à un tel adversaire il ne pouvait rien, actuellement.
Monter sur un arbre n’aurait servi à rien, il avait vu la créature debout sur ses phénoménales pattes arrière pousser de ses courts membres supérieurs un arbre adulte qui avait plié comme un roseau sous le vent du nord.
Sautant par dessus un buisson, le barbare se cogna fortement contre une paroi rocheuse et manqua s’étourdir sous le choc.
Il s’ébroua et levant les yeux aperçu des failles ou protubérances susceptibles de lui faire gravir cette paroi.
Tel le singe rouge des jungles noires il gravi les différents degrés et se retrouva bientôt surplombant la forêt ancestrale.
Il n’eu pas le temps d’admirer le paysage car le Dragon surgit et dans sa course il ébranla le rocher sur lequel Mjolnir avait grimpé.
Le barbare éclata d’un rire gigantesque voyant l’animal impuissant.
L’animal monstrueux le regarda de ses petits yeux porcins et ouvrant une gueule formidable garnie de dents pareilles à des sabres poussa un rugissement qui fit trembler les feuillages alentours.
Le barbare baissa son pantalon et se soulagea sur la tête du monstre en riant.
« Vient me chercher créature de l’enfer, je pisse sur toi et sur toute ta lignée de créatures consanguines et maudites ! »
Le barbare était sauf mais ce rocher sur lequel il était monté ne faisait que quelques pas de circonférence et ne recélait ni point d’eau ni nourriture et le dragon semblait aussi patient que le rocher, sa longue queue musculeuse broyant la végétation alentour.
Un squelette blanchi par le temps et les intempéries était là pour dire au barbare que ce roc était un piège. Il était à présent comme un naufragé sans esquif perdu sur un îlot décharné perdu dans un vert océan végétal.
Il se baissa afin d’examiner le squelette à ses pieds. Les os étaient intacts ; pas de blessure.
L’homme avait du succomber à la faim et à la soif.
Mjolnir avait marché depuis des jours depuis que son cheval avait succombé à la mortelle morsure d’un naja noir, serpent redoutable. Depuis il avançait dans cette contrée inexplorée et luxuriante. Un rugissement redoutable, un fracas de branchage, un sol pilonné par un animal pesant mais véloce l’avait fait déguerpir de toute la vitesse que pouvaient lui fournir ses jambes puissantes. En face d’une telle créature il n’était rien de plus qu’une proie, mais le barbare en avait vu d’autres et son esprit était aussi aiguisé que sa lame.
Son épée se serait certainement brisée sur la carapace de ce monstre, il fallait aborder cet ennemi sous un autre angle. Sa gourde flasque pendait à son coté et sa langue était âpre et sèche comme le sol maudit du désert.
Entourant son ilot de pierre il n’y avait que quelques bambous, une source ou un point d’eau devaient être proche mais inaccessible, et un arbre curieux aux fruits rouge orangés comme une tache de sang sur un glaive un lendemain de bataille. Trouvant ainsi un remède à la faim et à la soif le barbare tira sa dague, coupa un gros fruit ruisselant et du lâcher précipitamment sa lame qui commençait à être rongée comme par un puissant acide.
Arrachant quelques feuilles il essuya rapidement sa lame dont la surface semblait bouillir.
Maudissant la forêt, et insultant la mère du monstre qu’il ne connaissait pourtant pas, le cerveau du barbare produisit comme une étincelle, lui donnant une indication sur le moyen de s’en sortir.
Crom, son Dieu n’avait-il pas mis en chacun de ses enfants la force de s’en sortir seul afin qu’il n’ai pas à être prier sans cesse et dérangé par des problèmes trop futile pour sa divinité.
Un Dieu cool, mais qu’il fallait pas emmerder pour rien.
Un vrai Dieu de barbare.
S’allongeant au bord de l’escarpement Mjolnir entreprit de couper des bambous aussi longs qu’il le pouvait. Il du faire un bond en arrière pour éviter la gueule suintante du dragon qui sautait vers lui.
« Et merde ! Jamais tranquille ! »
Le barbare pris le crane du squelette, il n’en aurait plus l’utilité, et le projeta à une centaine de pas, dans les fourrés. Le Dragon accouru vers ce bruit qui avait attiré son attention et Mjolnir en profita pour couper quelques branches supplémentaires.
S’asseyant il écourta les bambous les plus longs et délaçant depuis sa taille le fidèle cordage qui lui avait tant de fois sauvé la vie, il lia une dizaine de bambous qui formaient ainsi une hampe solide avec sa dague en pointe comme une sagaie de géant.
Il soupesa l’arme de dix pieds et souri vers les cieux, vers le Walhalla, vers Crom.
Le barbare trempa alors la lame dans le fruit de sang le plus gros et le plus mûr à sa portée tout en hurlant, injuriant le monstre d’un autre âge qui revenu, s’énervait contre le rocher.
Mjolnir d’un coup de pied fit tomber le squelette qui atterrit sur la tête reptilienne.
Le dragon fit un bond qui parvint presque à inquiéter le barbare.
Mjolnir, prêt comme toujours plongea sa lance improvisée dans la gueule du monstre. La lance traversa la langue et se planta dans les muscles du coup de l’animal qui claqua des dents sectionnant la hampe ce qui fit choir le barbare sur ses fesses. Un hurlement épouvantable retentit alors, un cri tel que n’en avait connu ces terres depuis des temps immémoriaux. L’acide de ce fruit qui pouvait ronger l’acier le mieux trempé devait faire pas mal de dégâts à un organisme même si celui-ci était aussi coriace que celui d’un tel animal.
Coriace, Ah, Mjolnir l’était plus encore. Il éclata du cri barbare de son clan, celui que les guerriers certains de mourir au combat hurlaient dans ces montagnes sauvages.
Ils hurlaient un défi aux hommes à la mort et aux Dieux.
Si il survivait il devrait procéder à un sacrifice mais l’animal sacricafitoire était à ses pieds en train de mourir. Déjà l’animal semblait être devenu aveugle ; il courrait en tout sens, hurlant et se cognant de toutes parts.
La patience n’étant pas son fort, malgré ses innombrables qualités, Mjolnir descendit de son rocher à l’opposé de la position du dragon et s’éloigna des lieux en courant sans un bruit mais à pleine vitesse. Dans sa course le vent de face le rafraichissait. Il sourit une seconde avant de comprendre que même aveugle le dragon allait percevoir son odeur. Un bruit de cavalcade comme un troupeau d’olifants dans son dos lui donna raison, il était mal.
Tout à coup il parvint à l’orée de la forêt et devant lui s’ouvrait une plaine rocailleuse. Il courrait pensant que la course, l’agitation allait accélérer la diffusion du poison dans le corps du reptile géant et le tuer mais pour l’instant ses jambes le menaient aussi rapidement que possible. Sentant le monstre tout proche de lui il obliqua vers une roche aussi haute que lui.
Il décida que c’est là qu’il mènerait son dernier combat.
Arrivant au pied du rocher Mjolnir pivota tout en sortant sa longue épée droite.
Hurlant une fois de plus le cri de son clan il se prépara au dernier choc. Le dragon déboula à une vitesse vertigineuse. Mjolnir sentant les mouvements du monstre compris que lui aussi savait vivre son dernier combat. Le dragon hurla et l’air vibra faisant voler la rousse crinière du barbare.
Mjolnir plongea vers le dragon en une trajectoire qui lui ferait planter son épée dans le corps du reptile tout en évitant la charge mortelle.
Le dragon était trop rapide, il reçut l’épée qui le transperça jusqu’au cœur mais il heurta le barbare qui fut projeté à dix pieds de là.
Terminant sa course le dragon s’éclata le crane sur le rocher qui fut littéralement déterré du sol caillouteux.
Plus rien ne bougeait, l’air ne vibrait plus, le silence retombait sur ces terres stériles.
Le soleil se couchait quand un faible bruit se fit entendre.
« Et merde ! Le barbare revenait à lui après avoir été inconscient une bonne heure.
Il se releva, s’étira, fit quelques pas, récupéra son épée et commença à râler.
« Je me fais trop vieux pour ces conneries, je suis courbatu rien que d’avoir tué un lézard ! »